Pourquoi ce blog ?

Bienvenue à tous les visiteurs de ce blog !

Par le biais de ce blog, je souhaite vous faire part de mes positions politiques (les poser à l’écrit) sur certains sujets qui me semblent cruciaux et/ou peu abordés (crise des banlieues, rapports Nord/Sud, Ecologie, Fiscalité…).
De plus étant bien triste de constater à quel point les individus ont tendance à démissionner chaque jour un peu plus de leur rôle de citoyen, pour préférer un simple rôle de travailleur/sur-consommateur, ce blog sera ma très petite contribution pour essayer d’informer, faire connaître mes positions et ouvrir un débat entre citoyens.
Par ailleurs, à travers les articles de ce blog vous verrez que : faire des propositions est essentiel pour moi, car critiquer c’est bien, mais proposer une alternative c’est mieux !
D’où le titre de ce blog : alternatives citoyennes. Au reste, le but de ce blog n’est pas tellement pédagogique, pour cela je vous renvoie notamment vers des liens très intéressants.
Enfin, vos contributions, remarques, points de vue et critiques (constructives) sont évidemment les bienvenues.
Petite remarque : j’aurais parfois tendance à forcer le trait et à tenir des propos corrosifs, ceci dans l’unique but de rendre la lecture de ce blog plus captivante.

Martin Besnier

jeudi 22 juillet 2010

IV.) Police et cité: l'état des lieux

Les bleus, les poulets, les condés, les cognes, les playmobils, les flics, mais aussi les schtroumpfs, les keufs, les shmits, les chtars…tant de surnoms plus ou moins sympathiques pour désigner une même profession : policier.

La police est la mal aimée de notre société, par l’opinion publique en général, par les habitants des quartiers sensibles en particulier. Certains jeunes et certains délinquants des cités éprouvent même de la haine à leur égard, une haine de plus en plus réciproque…Cela n’a rien d’original de dire cela mais : nous sommes clairement assis sur une poudrière, que se passera-t-il le jour où un policier sera obligé pour une bonne ou une mauvaise raison de « tirer pour tuer » un jeune délinquant ou émeutier ?

La police est mal en point. Nombreux policiers sont au bord de la crise de nerfs, surtout ceux en poste dans des « secteurs sensibles ». Alors, ne comptez pas sur moi pour participer au mépris ambiant à leur égard, même si bien sûr on recense des bavures inacceptables notamment chez quelques agents de la BAC ou des CRS qui ont tendance à se prendre pour des « cowboys ». Ces hommes et femmes font un métier respectable et de plus en plus difficile. On parle souvent « d’omerta » dans les quartiers gangrénés par le trafic de drogue, mais on pourra remarquer que cette loi du silence s’applique aussi chez les policiers. En outre, derrière des discours de soutien et de fermeté, les policiers de terrain sont en fait lâchement abandonnés par leur hiérarchie et par les politiques.

Par ailleurs, la stratégie mise en place par la hiérarchie policière et les ministres, notamment depuis 2002 avec l’arrivée d’un certain N. Sarkozy au ministère de l’Intérieur, est selon moi en bonne partie responsable de cette situation catastrophique.
A grand renfort de communication politique et d’effet d’annonces, cette stratégie policière dite de « fermeté » se déclinait et se décline encore aujourd’hui selon moi en trois axes : politique du chiffre, prévention situationnelle et police de répression.

1. La politique du chiffre consiste simplement à réaliser de bonnes statistiques policières, à inciter ou faire pression sur les policiers pour qu’ils augmentent rapidement les taux d’élucidations, le nombre d’arrestations, de gardes à vue (GAV), de contraventions en privilégiant évidemment la quantité à la qualité…Pour faire croire à une opinion publique (franchement naïve il faut bien le dire !) qu’on lutte efficacement contre la délinquance, on ordonne aux policiers de se concentrer sur des « cibles rentables » (petites frappes, revendeurs ou simples consommateurs de cannabis, étrangers en situation irrégulière…) et de tirer un maximum profit des « IPDAP » (infractions envers les personnes dépositaires de l’autorité publique). Cette politique du résultat prend du temps, des effectifs et de l’argent et empêche la construction d’une action policière intelligente et de long terme.

2. A côté de cette politique du chiffre a progressé l’idée de la « prévention situationnelle ». Il s’agit de toutes les techniques et technologies visant à prévenir et dissuader les actes de délinquance. Hormis les « détails sécuritaires » des opérations de rénovations urbaines, la technologie la plus emblématique de cette prévention situationnelle reste les systèmes de vidéosurveillance (ou de « vidéoprotection », selon vos opinions politiques…). Je ne vais pas me lancer ici dans un débat sur l’atteinte supposée aux libertés publiques par Big Brother (un débat très grenoblois) mais je vais juste rappeler qu’une mise en place généralisée de ces systèmes ne sert pas à grand-chose à part peut-être rassurer son électorat…En effet, si le fait d’installer des caméras dans quelques endroits publics sensibles me semble légitime, suivre l’« exemple » anglais serait en revanche très couteux et surtout inefficace. En effet, devant un flux d’images trop important, il faudrait mobiliser un trop grand nombre de policiers pour les surveiller et les trier. Mais surtout, il semble que les caméras ne dissuadent pas les délinquants, qui s’adaptent à celles-ci. Enfin, il ne s’agit une nouvelle fois que d’une solution de très court terme, qui se concentre sur l’acte délinquant mais pas sur le délinquant lui-même…

3. Conjointement à ces deux premiers axes, s’est mis en place ce que l’on pourrait appeler une « police de répression » qui a progressivement remplacé la « police de proximité » (voir l’article à ce sujet). Sous le prétexte tout à fait légitime de protéger les policiers, on a transformé les Brigades Anti Criminalité et les Compagnies Républicaine de Sécurité intervenant dans les quartiers sensibles en une véritable police militarisée qui ne dialogue plus avec les habitants et les jeunes, renforçant ainsi les tensions avec ceux-ci et donc la nécessité pour les policiers de se protéger davantage…Un véritable cercle vicieux.
Par ailleurs, de nombreuses lois répressives plus ou moins fondées ont accompagné ce mouvement depuis 2001. Ces lois, parfois émotives, populistes et basées sur des faits divers, ont permis l’introduction de nouveaux délits, de nouvelles « circonstances aggravantes » et d’allongements de peines. Il s’agit par exemple du délit d’occupation illégale de halls d’immeubles (largement inapplicable et inappliqué), des circonstances aggravantes de « guet-apens », d’ « embuscade » ou du fait d’appartenir à une « bande », ou encore l’augmentation des heures de garde à vue…
D’autre part, la politique de contrôles d’identité systématiques sans aucune condition dans des territoires ciblées avec notamment la possibilité de fouille intégrale des véhicules, permise par la réforme Pasqua du code de procédure pénale de 1993, a énormément participé à la montée des tensions entre policiers et jeunes des quartiers sensibles. En effet, cette pratique du contrôle au faciès, souvent décriée par les jeunes d’origine étrangère, s’est accompagnée d’une explosion du nombre d’outrages à agent (ou IPDAP), s’inscrivant d’ailleurs totalement dans la politique du chiffre. On notera enfin que bizarrement aucune évaluation, aucun bilan de cette pratique et de leurs effets sur la lutte contre la délinquance n’ont été réalisés…

Pour finir, je ferai une petite digression sur les propos d’Eric Zemmour, non pas que je veuille m’acharner contre lui mais parce qu’il dit tout haut ce que malheureusement beaucoup de citoyens français pensent tout bas…Ainsi, lorsqu’il assure que « les noirs et les arabes se font plus contrôler parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes », il faudrait rappeler que de nombreux « blancs » participent aussi à ce trafic (et que tout ça n’est bien évidemment pas une question d’ethnie ou de couleur de peau mais de statut social). Mais surtout, l’un ne justifie absolument pas l’autre ! Si la seule solution de la hiérarchie policière et politique pour lutter contre le trafic de drogue est le contrôle généralisé des jeunes de banlieues sensibles, autant abdiquer tout de suite car c’est totalement contre-productif. Au reste, il faut revenir sur l’idée que le chômage de certains jeunes des quartiers serait créé par le fait que ceux-ci préfèreraient le deal à un travail légal (car plus lucratif et moins exploiteur). Hormis le fait que le deal n’est pas si lucratif que cela pour les petits revendeurs (voir l’article suivant), c’est une nouvelle fois mettre la charrue avant les bœufs. En effet, en admettant que certains jeunes suivent délibérément cette voie (combien ??), il faut bien rappeler que le chômage est avant tout créé par la crise économique (née dans les années 70) dont les immigrés, les plus pauvres, précaires et moins formés sont toujours les premières victimes. Par la suite d’un processus cumulatif (chômage de masse, ghettoïsation urbaine et scolaire…) certains préfèrent donc effectivement le deal. Enfin, pour finir sur une note positive, on rappellera qu’à partir d’un certain âge, nombreux sont ceux qui préfèrent « rentrer dans le rang », avoir une vie tranquille, devenir père de famille et élever leurs enfants en sécurité.

Liens utiles pour approfondir :

- BRONNER Luc ; La loi du ghetto : enquête dans les banlieues françaises.
- MUCCHIELLI Laurent, La frénésie sécuritaire.

2 commentaires:

  1. Au sujet de la vidéosurveillance, dossier très intéressant "l'impact de la vidéosurveillance est de l'ordre de 1%"
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/

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  2. Effectivement, je viens de le lire, c'est intéressant. Merci pour cette contribution ! Cela permet d'approfondir les infos un peu généralistes que je présentes dans cet article et de nourrir le débat.
    Martin

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