Pourquoi ce blog ?

Bienvenue à tous les visiteurs de ce blog !

Par le biais de ce blog, je souhaite vous faire part de mes positions politiques (les poser à l’écrit) sur certains sujets qui me semblent cruciaux et/ou peu abordés (crise des banlieues, rapports Nord/Sud, Ecologie, Fiscalité…).
De plus étant bien triste de constater à quel point les individus ont tendance à démissionner chaque jour un peu plus de leur rôle de citoyen, pour préférer un simple rôle de travailleur/sur-consommateur, ce blog sera ma très petite contribution pour essayer d’informer, faire connaître mes positions et ouvrir un débat entre citoyens.
Par ailleurs, à travers les articles de ce blog vous verrez que : faire des propositions est essentiel pour moi, car critiquer c’est bien, mais proposer une alternative c’est mieux !
D’où le titre de ce blog : alternatives citoyennes. Au reste, le but de ce blog n’est pas tellement pédagogique, pour cela je vous renvoie notamment vers des liens très intéressants.
Enfin, vos contributions, remarques, points de vue et critiques (constructives) sont évidemment les bienvenues.
Petite remarque : j’aurais parfois tendance à forcer le trait et à tenir des propos corrosifs, ceci dans l’unique but de rendre la lecture de ce blog plus captivante.

Martin Besnier

jeudi 22 juillet 2010

III.) « Alors prends-toi en main ! C’est ton…destin ! » : La participation des habitants :

En France, quand on parle de participation des habitants de quartiers sensibles, on pense généralement aux multiples associations sportives et culturelles présentent dans ceux-ci. Ces associations, portées par des bénévoles qui travaillent dans l’ombre et qui font un boulot formidable, ont un rôle primordial dans le développement social de ces quartiers.

Cela me fait d’ailleurs penser que les travailleurs sociaux, les animateurs socioculturels, les éducateurs de rue, les « adultes relais », les gardiens d’immeubles contribuent eux aussi au développement social des quartiers et devraient davantage être reconnus par l’ensemble de la société française pour leur rôle indispensable.

Mais ce n’est pas de ce type de participation des habitants dont je veux parler. Ce que je prône, c’est une participation politique (au sens noble du terme) des habitants qui seraient ainsi responsabilisés.

Avant de développer mon propos concernant la participation des habitants, je profite du terme « responsabiliser » pour faire une petite digression sur le thème de la « responsabilisation de parents » qui seraient « démissionnaires ». Ces derniers temps en effet, cette idée, portée notamment par le député UMP Eric Ciotti, à fortement la côte, pour lutter contre l’absentéisme scolaire ou plus récemment pour lutter contre la délinquance juvénile. Il faudrait ainsi punir pénalement ou « toucher au porte-monnaie » les parents démissionnaires.
Hormis le fait que ces solutions restent largement inefficaces (comme le montre les expériences américaines et britanniques), elles ne feraient que braquer encore plus certains parents, alors qu’ils auraient au contraire le plus souvent besoin d’encore plus d’accompagnement social, sans tomber toutefois dans l’assistanat. En outre, il est évident qu’éduquer un enfant est bien plus difficile dans un quartier délabré, à fortiori lorsque l’on se retrouve au chômage ou en précarité ou encore lorsqu’on est pris en plein « choc culturel » (voir l’article sur l’immigration).
Cependant le statu quo en matière de lutte contre l’absentéisme scolaire et la délinquance juvénile n’est pas acceptable. A côté d’un travail social de plus long terme (qui comporte des risques d’assistanat), on peut rappeler que certaines expérimentations qui ont fait leurs preuves, telles que « la mallette des parents » portée par Martin Hirsch, pourraient être étendues. Cette expérimentation vise à mieux associer les parents à l’équipe pédagogique afin que ceux-ci exercent leurs responsabilités parentales et s’intéressent davantage à la scolarité de leurs enfants (par le biais de séances avec les parents, de plaquettes d’informations en plusieurs langues…). Mais surtout, il faudrait que les parents participent davantage au développement de leur quartier, de manière collective. C’est sur ce point qu’il faut insister. Comme nous allons le voir à présent, c’est par ce biais que l’on redonnera du pouvoir aux parents sur leurs ados, et non par la suppression des allocations familiales, qui ne ferait que les enfoncer encore plus dans un état de faiblesse…

Pour en revenir à présent à la participation politique des habitants, on peut tout d’abord évoquer un petit constat. Il faut ainsi rappeler que c’est dans les quartiers sensibles que la désillusion vis-à-vis de la politique et du politique est la plus manifeste de notre société française. C’est en effet ce que montre les taux d’abstention record aux élections ou encore la faible présence des partis traditionnels dans ces quartiers qui ne disposent pas ou peu d’une « élite politique » capable de négocier avec les pouvoirs publics.

L’idée de la participation politique et citoyenne des habitants, qui pourrait sembler futile au premier abord, me semble donc primordiale afin d’atténuer la crise des banlieues. Comme nous l’avons dit dans l’article précédent, il faudrait que la Politique de la Ville « parte du bas », des habitants ; qu’elle suive un mouvement ascendant et non descendant. Il s’agirait en outre de réaliser une responsabilisation collective des adultes, qui donnerait une large place aux femmes, face à la domination adolescente qui sévit dans certains quartiers sensibles.
Cette idée de participation directe et locale des citoyens, qui ne fait malheureusement pas parti des mœurs françaises, pourrait d’ailleurs faire l’objet d’un consensus politique, les gens de droite y verraient un moyen de sortir les individus de l’assistanat ; les gens de gauche y verraient une libération de l’individu par l’action collective.

Des collectifs d’habitants devraient ainsi voir le jour, aidés par des agents de développement social local, des travailleurs sociaux dont le métier serait redéfini à l’occasion vers l’idée d’en faire des « community organizer » pour reprendre ce terme américain (soit le job que réalisait un certain Barack Obama dans les quartiers sud de Chicago avant de se lancer en politique). Aux Etats-Unis, ces personnes tentent d’aider les habitants des ghettos urbains à s’organiser pour défendre leurs droits, leurs intérêts, leur « bien commun », face aux bailleurs sociaux et aux municipalités notamment. Historiquement, la première mission de ces « community organizer » dont le précurseur était Saul Alinsky, un illustre inconnu en France, était d’aider les habitants à faire du « lobbying » politique sur les élus, en incitant notamment les habitants à s’inscrire sur les listes électorales.
Au reste, je fais à présent une petite digression pour affirmer que donner le droit de vote aux étrangers aux élections municipales notamment (avec ou sans « accords de réciprocité » avec les autres pays) me semble entièrement justifié et irait totalement dans le sens d’une promotion de la participation citoyenne de l’ensemble des habitants des quartiers difficiles.

Bref, le but de la participation des habitants, dans le cadre de collectifs citoyens dont ils tiendraient les rênes, serait tout simplement de permettre une revitalisation de leurs quartiers et de créer une « communauté solidaire de voisinage ». Il s’agirait par exemple d’améliorer les conditions de logement et de vie des habitants d’un quartier relégué, d’aider au développement économique local, de faire face à la délinquance et au sentiment d’insécurité du quartier (voir l’article sur la police de proximité), d’organiser des événements éducatifs, culturels, sportifs ou tout simplement festifs…En somme, le but serait d’améliorer les conditions de vie, l’ambiance et l’image des quartiers relégués grâce à l’action d’une communauté d’habitants actifs.

Aïe ! Désolé si j’ai heurté la sensibilité de certains en osant employer le terme « communauté », ce terme qui fait si peur en France et qui est toujours associé à l’idée de « communautarisme ». Pour vous rassurer, il s’agit bien ici de s’appuyer sur des communautés d’habitants, de résidants, de citoyens et non pas des communautés ethniques ou religieuses.

La participation des habitants viserait donc à responsabiliser ceux-ci, face aux dérives d’une action publique qui a tendance à faire des citoyens de simples « assistés ». Attention ! Je ne dis pas là que les habitants des quartiers relégués devraient résoudre leurs problèmes tout seul ! Non, sûrement pas ; l’aide publique est évidemment la bienvenue mais comme nous l’avons dit dans un précédent article, la Politique de la Ville doit partir de la base, des habitants. L’Etat n’a pas à organiser les choses (une fois encore, il ne s’agit pas de faire du « prêt-à-porter » mais bien du « sur-mesure »). Comme l’assure le sociologue Claude Jacquier dans l’un de ses ouvrages : « la revitalisation des villes est un processus complexe. Sa mise en œuvre requiert la créativité et l’initiative du niveau local plutôt que des stratégies standardisées au niveau national ».

Faire participer les habitants, c’est les considérer comme des interlocuteurs, c’est former une élite politique des quartiers, quitte à ce qu’ils représentent un contre pouvoir aux élites actuelles ! Il faut rendre les habitants « parties prenantes » (stakeholders), acteurs du changement de leur quartier. Il faut avoir confiance en eux, il faut redonner du pouvoir à des habitants majoritairement « à faible capacité de pouvoir », afin que ceux-ci réalisent leur « empowerment ». Cette notion américaine signifie en quelque sorte le processus par lequel « les gens acquièrent individuellement et collectivement une maitrise sur le cours de leur vie » pour reprendre les termes du sociologue Jacques Donzelot.

Pour finir, toute cette philosophie de la participation peut se résumer par le crédo d’un homme : Saul Alinsky, qui ne cessait de dire aux habitants des ghettos américains : « Ne demandez pas vos droits, prenez les ! ».

Liens utiles pour approfondir :

- ALINSKY Saul ; Manuel de l’animateur social.
- BRONNER Luc ; La loi du ghetto : enquête dans les banlieues françaises.
- DONZELOT Jacques; Faire société : la politique de la ville aux Etats-Unis et en France.
- JACQUIER Claude ; Les quartiers américains, rêve et cauchemar. Le développement communautaire et la revitalisation des quartiers aux Etats-Unis.
- Et très modestement, j’ose me citer parce que c’est justement le sujet de mon mémoire de fin de premier cycle : La participation des habitants à faible capacité de pouvoir. Expériences participatives au sein de la ville de Grenoble.

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