Pourquoi ce blog ?

Bienvenue à tous les visiteurs de ce blog !

Par le biais de ce blog, je souhaite vous faire part de mes positions politiques (les poser à l’écrit) sur certains sujets qui me semblent cruciaux et/ou peu abordés (crise des banlieues, rapports Nord/Sud, Ecologie, Fiscalité…).
De plus étant bien triste de constater à quel point les individus ont tendance à démissionner chaque jour un peu plus de leur rôle de citoyen, pour préférer un simple rôle de travailleur/sur-consommateur, ce blog sera ma très petite contribution pour essayer d’informer, faire connaître mes positions et ouvrir un débat entre citoyens.
Par ailleurs, à travers les articles de ce blog vous verrez que : faire des propositions est essentiel pour moi, car critiquer c’est bien, mais proposer une alternative c’est mieux !
D’où le titre de ce blog : alternatives citoyennes. Au reste, le but de ce blog n’est pas tellement pédagogique, pour cela je vous renvoie notamment vers des liens très intéressants.
Enfin, vos contributions, remarques, points de vue et critiques (constructives) sont évidemment les bienvenues.
Petite remarque : j’aurais parfois tendance à forcer le trait et à tenir des propos corrosifs, ceci dans l’unique but de rendre la lecture de ce blog plus captivante.

Martin Besnier

jeudi 22 juillet 2010

II.) Pour une métamorphose de la Politique de la Ville :

Pour faire face au phénomène grandissant de relégation de certains quartiers, une « Politique de la Ville » a été mise en place en France à partir des années 80 pour « recréer de la ville ». Le but de cette politique publique est donc de revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires.

La Politique de la Ville sort des politiques publiques dites de « droit commun », tentant d’établir un partenariat entre différents échelons administratifs (de l’Union Européenne aux quartiers, en passant par l’Etat, les départements, les communautés de communes et les communes) et entre différents secteurs d’intervention publique (urbanisme, habitat, social, éducatif, transports, santé, culture…).

Depuis les années 80 de nombreux dispositifs ont caractérisé cette Politique de la Ville, marquant ainsi les fréquents changements de stratégie de cette politique et la rendant aussi largement illisible. Les plus connus de ces dispositifs étant les : Zones d’Educations Prioritaires (ZEP), le Développement Social Urbain (DSU), les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) ou encore le Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU).

De plus, cette Politique de la Ville est souvent décriée pour son inefficacité supposée. Cette critique semble un peu facile lorsqu’on compare l’ampleur des mécanismes collectifs d’exclusion avec le peu de moyens humains et financiers investis dans cette politique d’exception. Mais une fois de plus, ce n’est pas seulement une question de moyens mais aussi de stratégie.

Voici les propositions de réformes de cette Politique de la Ville que je fais et qui n’ont pour certaines d’entre elles rien d’originales :

- Premièrement, il s’agirait de mettre en place une politique qui « parte davantage du bas » (Bottom-Up) et non du niveau étatique (Top-Down). Il faudrait notamment miser davantage sur la participation directe des habitants à cette politique (ce point fera l’objet d’un développement complet au prochain article). Le niveau étatique est ainsi trop éloigné et formaliste pour s’adapter aux situations très diversifiées des quartiers relégués. La Politique de la Ville devrait ainsi laisser toute sa place aux initiatives locales, l’Etat devant simplement être là pour soutenir ces initiatives, mobiliser des moyens financiers et légiférer. Attention, il ne s’agit pas de faire du « moins d’Etat », mais bien du « mieux d’Etat ». Face à la grande hétérogénéité des quartiers de « banlieues sensibles », il faudrait ainsi faire davantage de « sur-mesure et non du prêt-à-porter » comme le rappelle souvent l’un de ces formidables maires de banlieue : Claude Dilain (de Clichy-sous-Bois).
- Deuxièmement, il faudrait renforcer les actions de réorganisation des institutions intervenant dans le cadre de cette politique, face aux nombreux corporatismes et lourdeurs bureaucratiques qui contraignent une politique publique d’exception qui se doit d’être souple et innovante. La contractualisation entre les différents échelons administratifs et secteurs d’intervention publique participant à cette politique doit ainsi être consolidée tandis que le rôle des « chefs de projets Politique de la Ville » polyvalents doit être accentué.
- Troisièmement, et pour reprendre une nouvelle fois une expression de Claude Dilain, l’action de la Politique de la Ville devrait porter sur les « causes plutôt que sur les conséquences » du processus de ghettoïsation. Le meilleur exemple de cette action sur les conséquences étant les nombreuses opérations de rénovations urbaines, qui constituent la majeure partie de la Politique de la Ville actuelle…Si ces opérations de renouvellement urbain, lancées à partir de 2003 suite à la « loi Borloo » sont évidemment nécessaires et bienvenues, elles sont me semble-t-il insuffisantes voire dans une certaine mesure, vouées à l’échec. On peut ainsi malheureusement parier que d’ici quelques années certains de ces chantiers de rénovation urbaine seront à refaire…En effet, dans ce cadre l’action publique porte sur les lieux, le bâti, le « hard », mais ne tente pas de changer la situation sociale, elle ne porte pas suffisamment sur les habitants, l’humain, le « soft ». Dans le cadre du PNRU, il s’agit ainsi de « dorer le ghetto », la situation à long terme n’évoluant pas et les habitants étant relogés aux mêmes endroits.
- Quatrièmement, la question des moyens financiers investis dans cette Politique de la Ville est aussi primordiale, même si comme nous l’avons vu, une simple augmentation des moyens sans changement de stratégies, s’avèrerait inefficace. Rappelons tout de même que les fonds alloués à la Politique de la Ville ne représentent que 0,37% de notre PIB ! C’est bien maigre face à un problème de société majeur tel que la crise des banlieues. En outre, dans certains cas, les crédits « Politique de la Ville » sont fournis aux communes « à la place » de crédits de droits communs et non « à côté ou en plus » de ces crédits ! Enfin, comme nous l’avons vu en introduction, une meilleure péréquation des moyens entre villes riches et villes pauvres devraient être assurée.
- Enfin, au niveau gouvernemental, et même si la Politique de la Ville doit partir de la « base », des initiatives locales dans les quartiers ; cette politique transversale devrait logiquement être organisée autour de la personne du Premier Ministre, de manière interministérielle et non dans le cadre d’un secrétariat d’Etat ou d’un ministère spécifique à la Politique de la Ville qui relève plus de l’opération de communication politique que de l’action de fond... De plus, il semble évident de rappeler qu’une forte volonté politique de changement doit être affichée et qu’il faut en finir avec l’empilement des mesures et les discontinuités de cette politique (rappelons tout de même qu’en 20 ans, 18 secrétaires d’Etat ou ministres chargés de la Politique de la Ville se sont succédés…). Pour finir, il serait judicieux que le gouvernement s’appuie davantage sur les avis et recommandations publiées par le Conseil National des Villes (qui regroupe plusieurs maires de villes de banlieues sensibles, toute couleur politique confondue) pour mettre en place son action en matière de Politique de la Ville.

Il apparaît malheureusement que l’actuel Plan « Espoir Banlieue » lancé par le président de la République et par Fadela Amara en 2008 ne correspond évidemment pas à ces propositions de réformes souhaitables, mais plus à une opération cosmétique, à une action superficielle (ce qui semble d’ailleurs être la marque de fabrique du gouvernement actuel dans de nombreux domaines…).
Pour finir sur une note optimiste, on assurera que la Politique de la Ville peut être porteuse de multiples innovations en termes de politiques publiques. Elle peut être une politique avant-gardiste, un exemple à suivre de souplesse et d’efficacité de l’action publique !

Liens utiles pour approfondir :

- CARDO Pierre et DILAIN Claude ; Deux maires courages : dialogue sur la crise des banlieues.
- DONZELOT Jacques ; Quand la ville se défait : quelle politique face à la crise des banlieues.
- Publications de Claude JACQUIER.

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