Pourquoi ce blog ?

Bienvenue à tous les visiteurs de ce blog !

Par le biais de ce blog, je souhaite vous faire part de mes positions politiques (les poser à l’écrit) sur certains sujets qui me semblent cruciaux et/ou peu abordés (crise des banlieues, rapports Nord/Sud, Ecologie, Fiscalité…).
De plus étant bien triste de constater à quel point les individus ont tendance à démissionner chaque jour un peu plus de leur rôle de citoyen, pour préférer un simple rôle de travailleur/sur-consommateur, ce blog sera ma très petite contribution pour essayer d’informer, faire connaître mes positions et ouvrir un débat entre citoyens.
Par ailleurs, à travers les articles de ce blog vous verrez que : faire des propositions est essentiel pour moi, car critiquer c’est bien, mais proposer une alternative c’est mieux !
D’où le titre de ce blog : alternatives citoyennes. Au reste, le but de ce blog n’est pas tellement pédagogique, pour cela je vous renvoie notamment vers des liens très intéressants.
Enfin, vos contributions, remarques, points de vue et critiques (constructives) sont évidemment les bienvenues.
Petite remarque : j’aurais parfois tendance à forcer le trait et à tenir des propos corrosifs, ceci dans l’unique but de rendre la lecture de ce blog plus captivante.

Martin Besnier

mardi 20 juillet 2010

III.) L'Aide Publique au Développement: oui, mais :

L’Aide Publique au Développement comprend toutes les aides financières prévues dans le budget d’un Etat qui sont transférées à un pays en voie de développement.

Cette APD au niveau global (tous Etats donateurs compris) représente environ 100 milliards de dollars chaque année. En comparaison, l’aide privée dans le cadre des ONG, organismes de charité et associations de solidarité internationale représentent 40 milliards de dollars, tandis que les transferts d’argent des immigrés vers leur pays d’origine s’élève à 250 milliards de dollars annuels à travers le monde.

Depuis les années 70, les pays riches de la planète se sont engagés à fournir 0,7% de leur PIB annuel à cette APD afin de financer le développement des pays les moins avancés. L’Union Européenne est le plus grand contributeur mondial d’APD et pourtant aucun Etat dans le monde (hormis les pays scandinaves) n’atteint les 0,7% de PIB promis.
Il y a donc un réel écart entre promesses et actes dans ce domaine, une fois encore. Pour prendre un exemple, on rappellera que pour le moment, concernant les fonds publics promis en réponse au tremblement de terre en Haïti, et même s’il ne s’agit que d’une aide d’urgence, seul le Brésil et la Norvège ont tenu leurs engagements…

L’APD est un outil parmi d’autres qui peut soutenir les réformes structurelles internes d’un pays en voie de développement ou un PMA. Cependant, dans ces derniers pays, les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) sont trop faibles (par manque de compétitivité, et par le fait d’être victime de « l’échange inégal » (voir l’article sur la faim dans le monde)) pour permettre le développement. En outre, de nouveaux emprunts ne feraient qu’alimenter le poids des intérêts de la dette de ces pays. Enfin, l’utilisation des ressources domestiques (par le biais d’impôts et taxes) pour financer le développement de ces pays serait bien sûr la meilleure solution, mais étant donné le niveau de fraude fiscale (et notamment celle des FMN, voir l’article sur la fiscalité internationale) et de corruption, c’est une solution encore insuffisante. L’APD apparaît donc parfois comme le moyen le plus envisageable pour soutenir le développement de certains pays.

Pour autant, certaines personnes et organisations pensent qu’il faudrait en finir avec cet outil qui connaît de multiples aspects négatifs.

L’APD éprouve en effet de sérieuses limites, qu’il faut à la fois dénoncer et combattre :
- Effectivement cette aide est parfois utilisée à des fins politiques et économiques par les pays donateurs (l’APD étant envoyée dans d’anciennes colonies ou dans des pays en voie de développement où le pays donateur à de forts intérêts économiques. L’APD est aussi de plus en plus employée comme « rétribution » aux pays alliés dans le cadre de la fameuse « war on terror »).
- En outre, cette APD est parfois fournie par les pays donateurs en échange d’une obligation d’achats de produits venant justement de ces pays.
- Par ailleurs, une forte corruption entoure cette APD, à la fois dans les pays bénéficiaires de l’aide, mais aussi dans les pays donateurs puisqu’une partie de l’APD retourne dans ces pays sous la forme par exemple de salaires pour consultants surpayés…
- De surcroît, l’APD est parfois fournies avec beaucoup de retard (l’Union Européenne étant la « championne du monde du retard »), les procédures administratives sont souvent très complexes et l’aide est apportée sur du court terme. Pourtant, afin de construire une réelle démarche de développement dans le cadre de programmes pluriannuels (de formation d’infirmières par exemple), il faudrait que cette aide soit assurée sur le long terme, apportant ainsi une plus grande prévisibilité.
- Enfin, l’APD est souvent mal répartie, les montants versées au développement d’une agriculture vivrière étant souvent très faible (à peine 5%) sans parler du développement des administrations fiscales et judiciaires (pourtant indispensables pour la lutte contre la fraude fiscale, la corruption et plus simplement la structuration d’un Etat fort).

Mais l’Aide Publique au Développement connaît aussi des aspects positifs. Par exemple, on estime que celle-ci à permis à travers le monde, de scolariser près de 30 millions d’enfants ou encore d’apporter près de dix fois plus de médicaments pour les personnes séropositives.

Et surtout, l’APD peut être un outil efficace si nous arrivons à lutter contre les aspects négatifs que nous venons de dénoncer et si tous les pays riches tiennent leur engagement de fournir 0,7% de leur PIB à celle-ci.

Cette APD peut participer, dans les Etats des pays en voie de développement et des pays les moins avancés, à l’établissement d’une fonction publique mieux payée et mieux formée. Ce serait le meilleur rempart dans la lutte contre la corruption. L’APD pourrait servir comme nous venons de le dire aux services fiscaux et judiciaires mais aussi au financement de grandes politiques publiques pour la fourniture de services publics de base (santé, éducation, routes…).

D’autre part, l’APD devrait être selon moi en partie redirigée plus directement vers les citoyens. Cela permettrait de renforcer une société civile compétente et active dans le développement local, qui pourrait en outrer veiller davantage à la bonne utilisation des ressources de l’APD par les Etats. Il s’agirait ainsi une fois de plus de faire participer les citoyens au développement et au contrôle des aides, tandis que l’APD pourrait aussi soutenir le renforcement d’une presse libre, indépendante et puissante. Rappelons d’autre part que certaines de nos collectivités territoriales apportent une aide aux échelons politiques locaux dans les pays en voie de développement par le biais de la « coopération décentralisée », favorisant ainsi elles aussi le développement local dans ces pays.

Il faut donc, à la fois dénoncer et lutter contre les nombreux aspects négatifs de l’APD sans y mettre un terme pour autant. Au contraire, il faut aussi faire pression sur les pays riches pour qu’ils tiennent leurs engagements.
Certains diront qu’il est malvenu de demander de l’argent dans nos pays riches dans la période de difficulté actuelle…Mais, au-delà d’une obligation morale ou d’une réponse à nos multiples dettes envers les pays du Sud (voir l’article à ce sujet), l’APD peut permettre (à côtés de réformes internes et externes qui entravent le développement des pays les plus pauvres (voir l’article sur la faim dans le monde, les dettes, et la fiscalité internationale notamment)) de développer la capacité des personnes pauvres à sortir pour de bon de la pauvreté. L’Aide Publique au Développement doit être considérée comme une aide de démarrage pour arriver par la suite à une forte indépendance des pays les plus pauvres et non comme une mesure d’assistanat illimité.

Liens utiles pour approfondir :
- Rapport d’Oxfam International : L’aide du XXIème siècle, reconnaître les réussites et corriger les failles.

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