Pourquoi ce blog ?

Bienvenue à tous les visiteurs de ce blog !

Par le biais de ce blog, je souhaite vous faire part de mes positions politiques (les poser à l’écrit) sur certains sujets qui me semblent cruciaux et/ou peu abordés (crise des banlieues, rapports Nord/Sud, Ecologie, Fiscalité…).
De plus étant bien triste de constater à quel point les individus ont tendance à démissionner chaque jour un peu plus de leur rôle de citoyen, pour préférer un simple rôle de travailleur/sur-consommateur, ce blog sera ma très petite contribution pour essayer d’informer, faire connaître mes positions et ouvrir un débat entre citoyens.
Par ailleurs, à travers les articles de ce blog vous verrez que : faire des propositions est essentiel pour moi, car critiquer c’est bien, mais proposer une alternative c’est mieux !
D’où le titre de ce blog : alternatives citoyennes. Au reste, le but de ce blog n’est pas tellement pédagogique, pour cela je vous renvoie notamment vers des liens très intéressants.
Enfin, vos contributions, remarques, points de vue et critiques (constructives) sont évidemment les bienvenues.
Petite remarque : j’aurais parfois tendance à forcer le trait et à tenir des propos corrosifs, ceci dans l’unique but de rendre la lecture de ce blog plus captivante.

Martin Besnier

jeudi 22 juillet 2010

I.) La France veut-elle vraiment régler la crise des banlieues ? Quelques piques introductives :

Ghettoïsation, fort taux de pauvreté, de chômage, d’immigration, d’échec scolaire, d’isolement mais aussi d’insalubrité, d’insécurité, de trafics en tous genres et de problèmes d’éducation : autant de termes (de clichés ?) péjoratifs pour désigner un même ensemble : « les banlieues sensibles », pourtant très diverses les unes des autres.

Je vais vous épargner ici un constat de la situation de ces banlieues. Il est plus ou moins connu de tous, sauf pour ceux qui préfèrent ne pas voir la réalité en face. La situation est grave, inquiétante et par son ampleur, quasi unique en Europe.

Mais alors, dans une société qui adore désigner des boucs-émissaires, qui donc est responsable de cette situation ? Bien sûr, certains répondront (et ils n’auront pas tout à fait tort) que la responsabilité incombe avant tout à certains délinquants et certaines familles qui pourrissent la vie des autres dans les cités, accentuant ainsi le phénomène de « ghettoïsation » de celles-ci.

Qui d’autre peut bien être responsable ? Les Hommes politiques ? Et plus largement l’élite de ce pays, qui a laissé pourrir la situation ? La responsabilité est parfois politique en effet, surtout par le passé. Lorsque l’Etat et les gouvernements successifs étaient (sont ?) bien soulagés de concentrer les populations les plus pauvres et immigrées dans les mêmes lieux. Ou encore, lorsque certains bailleurs sociaux regroupaient (regroupent ?) leurs locataires les plus défavorisés dans les pires logements de leur parc HLM afin de préserver l’attractivité du reste de leur parc. Enfin, lorsque certaines municipalités acceptaient (acceptent ?) volontiers la concentration d’habitants les plus démunis dans certains quartiers de leur ville afin de s’assurer de larges réserves électorales et de conserver ainsi leur baronnie.

Mais enfin, ne nous y trompons pas et soyons honnêtes ! La responsabilité de cette situation revient d’abord et avant tout à la société française dans son ensemble. Laissez-moi-vous raconter une petite histoire afin de vous en persuader (voir le lien : Donzelot) :

A partir des années 60, afin de faire face à la pénurie de logements et aux nombreux bidonvilles, la construction de vastes « grands ensembles » dans des « Zones à Urbaniser en Priorité » est décidée. Symboles de modernité et de confort, les HLM sont d’abord habitées par la classe moyenne de notre pays.
Mais à partir des années 70 et de la fin des « Trente Glorieuses », les choses se gâtent, et les mouvements de « fragmentation urbaine » font leur apparition.
Attirés par le rêve pavillonnaire et l’accès à la propriété (promus par de nombreuses politiques publiques), la classe moyenne quitte alors progressivement les grands ensembles pour des logements individuels en périphérie des villes. C’est le premier mouvement de « péri-urbanisation », rendu notamment possible par la démocratisation de l’automobile (et favorisant d’ailleurs l’étalement urbain, qui a de graves conséquences environnementales…). Conjointement à ce mouvement, la classe moyenne est régulièrement remplacée par l’arrivée de ménages plus pauvres et immigrés. C’est le mouvement de « relégation ». De plus, tandis que des frictions entre « gaulois » et « immigrés » commencent, la fuite de la classe moyenne s’accentue, celle-ci cherchant un « entre-soi protecteur » dans les pavillons individuels, alors même que la proximité avec les classes sociales inférieures est vécue comme dévalorisante. Un « entre-soi contraint » (par les mécanismes collectifs d’exclusion et du marché immobilier) se développe donc dans les cités HLM qui deviennent de véritables lieux de relégation avec une quasi-assignation à résidence de ces habitants et notamment de sa jeunesse qui s’approprie toujours plus les lieux publics.
Enfin, un dernier mouvement de « gentrification » des centres-villes naît en France dans les années 90, regroupant dans un « entre- soi choisi et sélectif » les classes supérieures de la population et notamment l’élite mondialisée. Un mouvement qui renforce celui de « péri-urbanisation » de la classe moyenne, qui quitte alors les centres-villes, ne pouvant plus suivre le train de vie des classes supérieures.

Aujourd’hui, ces mouvements généraux de désagrégation progressive des villes continuent par le biais de « stratégies d’évitement » (voir le lien : Maurin) entre classes sociales concernant l’habitat mais aussi au niveau scolaire par exemple (avec les nombreuses dérogations à la carte scolaire, voir l’article sur l’école). Inutile de rappeler par ailleurs que l’environnement social immédiat d’un individu a un rôle fondamental dans la réussite ou l’échec social de celui-ci. Le phénomène de ghettoïsation sociale et ethnique s’accentue donc de jour en jour dans notre pays. Les mécanismes collectifs d’exclusion sont d’une ampleur colossale et on pourra par exemple mentionner que la région Ile de France est la plus ségréguée d’Europe occidentale, étant marquée par les plus hauts niveaux d’inégalités territoriales.

A présent, un petit complément pour rappeler à certains de nos concitoyens et notamment à un certain Eric Zemmour, que les ghettos de notre République ne sont donc pas « volontaires », et que le « communautarisme » de certains habitants des quartiers sensibles, n’est pas « créé par ceux-ci » mais est avant tout une conséquence (et non pas la cause !) du mouvement global de désagrégation des villes qui sévit depuis la crise des années 70. Ainsi, même si la théorie de M. Zemmour semble à première vue séduisante, elle m’apparaît largement erronée. Quand bien même cette théorie serait renforcée par les phénomènes de délinquance et par la formation de véritables zones de « non-droits » avec leurs propres règles et où tout représentant de la République Française et même du reste de la société française ne serait pas les bienvenus, ces phénomènes bien réels sont selon moi des conséquences d’une société de l’entre-soi et du mouvement global de désagrégation urbaine.

La question se pose alors de savoir comment faire face aux mécanismes collectifs d’exclusion ? J’essaierai de répondre à cette question dans tous les articles qui vont suivre, mais avant cela : ce questionnement m’amène à me poser une nouvelle question, que de nombreux maires de banlieues sensibles, toute couleur politique confondue se posent aussi : la société française dans son ensemble veut-elle vraiment régler la crise des banlieues ou préfère-t-elle « l’entre-soi » ? Il faut savoir ce que l’on veut : Une République pour tous, ou une République qui abandonne certains territoires devenant alors de véritables ghettos caractérisés par la loi du plus fort.

On touche alors à un point crucial qui pourrait bien révéler la grande hypocrisie de notre société. Effectivement, au simple regard de l’application de la loi SRU, il semble que la réponse soit malheureusement claire…

La loi Solidarité et Renouvellement Urbain, votée en 2000, vise entre autres, afin de créer de la mixité sociale, à obliger les municipalités à disposer d’au moins 20% de logements sociaux dans leurs communes. Or, il apparaît qu’environ la moitié des villes françaises (notamment en région IDF) et évidemment les plus riches ou celles où habitent les plus riches, sont hors la loi et préfèrent payer une bien maigre amende plutôt que de construire des logements sociaux (notamment des logements très sociaux ou PLAI), renforçant ainsi l’idée d’une société égoïste de l’entre-soi, bien éloignée des objectifs d’Egalité et de Fraternité de notre République.
Ces comportements renforcent donc clairement la ghettoïsation de certains quartiers, la construction de nouveaux logements sociaux se faisant alors dans des communes qui concentrent déjà de nombreux autres logements de ce type, alors même que les communes les plus riches auraient souvent beaucoup plus de place à offrir pour en construire. Ceci ne fait en outre que ralentir un peu plus la création de nouveaux logements alors que la demande est pourtant criante.

Une véritable application de la loi SRU permettrait une réelle déconcentration des logements sociaux sur le territoire français, et ainsi un « saupoudrage » des difficultés que la ghettoïsation engendre, facilitant ainsi une éventuelle résolution de la crise des banlieues.

Au reste, une réforme de la loi SRU semble donc nécessaire afin de la faire réellement appliquer. Je ne sais pas qu’elle serait la meilleure solution mais voilà les propositions les plus souvent évoquées :
- Forte augmentation de l’amende afin de contraindre les communes récalcitrantes à construire des logements sociaux (ma préférence).
- Destituer les maires récalcitrants de leurs compétences en matière de logements sociaux, les rendre « défaillants », la responsabilité de construction de nouveaux logements revenant alors au préfet.
- Supprimer les indemnités d’élus locaux aux maires récalcitrants.

Si l’on regarde maintenant le montant de la DSU, il est lui aussi bien maigre, et en outre celle-ci est trop souvent distribuée de manière trop morcelée profitant à des villes qui n’en ont pas toujours besoin…La Dotation de Solidarité Urbaine est une enveloppe distribuée par l’Etat aux communes confrontées à une insuffisance de ressources et supportant des charges élevées.
Elle est ainsi bien utile à certaines villes de banlieue qui ne disposent que de peu de recettes fiscales (peu d’activités économiques, population pauvre et/ou non imposable) mais qui doivent assurer de lourdes dépenses (par exemple en terme d’équipements scolaires et de loisirs pour une jeunesse qui représentent parfois jusqu’à un tiers des habitants de certains quartiers).
La DSU est donc trop faible et ne permet pas une réelle péréquation des moyens notamment entre villes riches et villes pauvres. L’ « égalité des chances territoriale » n’est ainsi pas assurée.
Une réforme de celle-ci devrait intégrer à la fois une concentration et une augmentation des moyens allouées à certaines villes de banlieues qui en ont clairement besoin !

Pour en finir avec cette introduction, on rappellera tout de même que pour résoudre la crise des banlieues, apporter plus d’argent ne suffira pas (contrairement à ce que pensent certaines personnes de gauche en manque d’imagination)! Il faut aussi changer de stratégie ! Que ce soit concernant la Politique de la Ville et la place des habitants dans celle-ci, ou à propos de la stratégie policière ou encore éducative à adopter dans les « banlieues sensibles ». Passons à présent aux préconisations qui permettraient peut-être, selon moi, de résoudre ou plus modestement d’atténuer la crise des banlieues.

Liens utiles pour approfondir :
- DONZELOT Jacques ; Quand la ville se défait : quelle politique face à la crise des banlieues.
- MAURIN Eric ; Le ghetto français : enquête sur le séparatisme social.

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